Thomas Hauert
Masterclass · Thomas Hauert
11h - 17h
26 au 30 octobre 2020
Tarif individuel : 260€
Tarif organisme : 750€
Pour candidater et pour toute information sur les possibilités de financement : envoyez votre dossier (CV, lettre de motivation, portrait et photo de plain-pied) à masterclasses@atelierdeparis.org.
1. Élargir notre vocabulaire du mouvement
Les jeux, exercices et méthodes pratiqués dans cet atelier sont issus au fil des ans de nombreux processus de création, principalement avec la compagnie ZOO, et ont été développés plus avant dans des performances, des répétitions et des situations d’enseignement, ils sont le résultat du désir de maximiser les possibilités créatives du corps en mouvement et d’aller au-delà des habitudes qui y sont inscrites.
Une des bases de ce travail est notre anatomie/physiologie, notre système locomoteur (Bewegungsapparat) et son fonctionnement. Les articulations – c’est-à-dire le point d’articulation entre les os qui permet de modifier la relation spatiale entre eux, ce qui crée ainsi le mouvement – ont chacune une certaine amplitude de mouvement et nous pouvons les combiner en d’innombrables variations. Notre anatomie nous fournit également un système extrêmement sophistiqué pour faire en sorte que ces changements se produisent de manière infiniment diverse.
Deux éléments essentiels sont : notre capacité à diviser notre attention entre des actions simultanées et la possibilité de déléguer le contrôle du mouvement et de sa création à des processus inconscients. Travailler avec le mouvement et le créer de cette manière repose sur l’interaction entre notre esprit conscient (c’est-à-dire la concentration, l’attention, la commande consciente, les feed-backs somatiques) et nos capacités de mouvement inconscientes (c’est-à-dire les réflexes ou les processus qui peuvent fonctionner sans être contrôlés consciemment).
Le corps a tendance à suivre des chemins connus. Afin d’augmenter notre vocabulaire de mouvement, d’inclure autant de possibilités que le corps le permet, nous devons dépasser les schémas qui y sont inscrits. Cela revient à amener le corps à inventer de nouveaux mouvements plutôt qu’à suivre des schémas inscrits.
Une stratégie importante pour « court-circuiter » les habitudes de mouvement consiste à laisser une autre personne déclencher le mouvement dans notre corps. Les partenaires imposent les lieux et/ou les directions du mouvement (mouvement exogène) par le toucher. Un outil créatif et un entrainement, on pratiquera toute une série de jeux dans lesquels les partenaires ou « assistants » choisissent les endroits où les changements se produiront dans un corps.
2. Relier le mouvement dans un groupe
Déployant un réseau complexe de mouvements connectés dans le temps et l’espace, le langage chorégraphique des mouvements de groupe pratiqué dans ce stage pourrait être perçu comme un prolongement de la tradition de la danse abstraite. Pourtant, son « écriture » fortement polyphonique vient au jour sur scène entièrement par l’improvisation. On vise à faire émerger l’ordre à partir du désordre, la forme à partir de l’informe, un groupe à partir d’individus, tout en tirant parti de la qualité exceptionnelle de perception, d’attention et de concentration rendue possible par l’improvisation. La chorégraphie apparaît comme un microcosme dans lequel des individus négocient en permanence leur liberté et leur créativité avec leur volonté de se relier aux autres. Touchant aux notions de libre arbitre et de responsabilité, elle semble traduire les négociations, conflits, tensions et résolutions à l’oeuvre dans ces systèmes sociaux. Dans l’espace d’une improvisation, on retrouve l’indétermination, la justification rétrospective, l’improvisation du bricoleur, une vision limitée, des opportunités découvertes trop tard, la tentation de suivre des chemins familiers et un futur ouvert. En un sens, les forces par lesquelles nous nous confrontons avec notre condition humaine.
C’est une chorégraphie qui se déploie sans l’intervention d’une autorité centrale. Elle forme un système dynamique au comportement imprévisible, au sein duquel certains danseuses/rs initient un mouvement et d’autres réagissent à celui-ci, cette réaction déclenchant un autre mouvement à l’intérieur de la même structure ou initiant un tout nouveau développement. Puisant librement dans un répertoire partagé de principes physiques incorporés préalablement, les danseuses/rs sont responsables de l’invention et de l’exécution de leur propre mouvement, mais aussi de la création et du développement des structures de groupe. Ils doivent adapter leur rôle individuel au sein d’une constellation dynamique dont les mécanismes se transforment en permanence. Les capacités cognitives à l’œuvre dans un tel système dépassent de loin la simple somme des capacités individuelles des danseuses/rs. Pour une large part, il repose sur l’intuition – une faculté neurophysiologique développée par l’expérience.
Équipe artistique
Thomas Hauert
Né en 1967 à Schnottwil en Suisse, Thomas Hauert fonde sa compagnie ZOO à Bruxelles en 1998 après une carrière de danseur avec entre autres Anne Teresa De Keersmaeker, David Zambrano et Pierre Droulers.
Depuis lors, il a créé avec ZOO une vingtaine de spectacles jusqu’à sa dernière création How to proceed en 2018. En parallèle à son travail pour ZOO, Thomas Hauert crée encore Hà Mais (2002) au Mozambique, ainsi que plusieurs pièces pour les étudiants de P.A.R.T.S et de la Laban School de Londres. A l’automne 2010, a lieu la première de son spectacle pour le Ballet de Zurich, Il Giornale della necropoli . En 2014, il crée Notturnino , une pièce pour la compagnie anglaise de danseurs invalides et non invalides Candoco . Le travail de ZOO se développe d’abord à partir d’une recherche sur le mouvement, avec un intérêt particulier pour une écriture basée sur l’improvisation et explorant la tension entre liberté et contrainte, individu et groupe, ordre et désordre, forme et informe. Thomas Hauert nourrit aussi un profond intérêt pour les relations entre la danse et la musique. Il enseigne régulièrement à P.A.R.T.S. à Bruxelles. En 2012, Thomas Hauert est invité à participer au projet « Motion Bank » initié par la Forsythe Company pour stimuler la recherche sur la pratique et la pensée chorégraphiques. Depuis 2013, il est le responsable académique du baccalauréat en danse à la Haute Ecole de Théâtre La Manufacture à Lausanne.